
11 mars 2012
Troisième dimanche de Carême
«Voici que je me tiens à la porte et je frappe ...j'entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui»
Jésus fréquente plus souvent la synagogue du village que le Temple de Jérusalem. La synagogue était le lieu habituel de rassemblement de la communauté juive. Elle était à la fois maison de prière, école, centre communautaire. Le Temple de Jérusalem, c’était pour les grandes circonstances comme les fêtes de pèlerinage. Prenons une comparaison : la synagogue est à nos églises paroissiales ce que le Temple est à la cathédrale d’un diocèse.
Jésus entre dans son temple
Le temple, c’est le lieu où l’on se rend pour prier, louer et adorer Dieu. Ne dit-on pas, même à propos de nos églises, que le temple est la maison que Dieu habite? Revenons à la parole thématique de notre carême : «Voici que je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui».
Aujourd’hui, renversement de situation, si nous ouvrons au Christ. Ce n’est plus nous qui nous déplaçons pour aller rencontrer le Christ dans une église, mais c’est plutôt lui qui se déplace pour entrer dans notre maison intérieure. Nous devenons alors le temple du Christ de sorte qu’une communion de vie pourra s’établir entre lui et nous. Étrange, direz-vous! Pas tant que ça! Écoutons saint Paul: Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? (1 Corinthiens 3, 16). Et en d’autres mots : Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ? (…) Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu? (1 Co 6, 15.19). C’était son argument pour inciter les Corinthiens à cesser de se diviser en fan club autour de leurs prédicateurs et exhorter certains autres à se convertir à des mœurs plus chrétiennes. D’où vient cette idée que nous sommes le temple de Dieu? La réponse se trouve dans le passage d’évangile de ce dimanche.
Jésus et le Temple
On y raconte une visite de Jésus au Temple qui ne passe pas inaperçue. On s’en souviendra à son procès. Ce sera un motif d’accusation ajouté à celui d’avoir blasphémé en se prétendant l’égal de Dieu. Jésus pose un geste prophétique qui cause tout un remue-ménage dans le secteur du Temple où sont installés les étals des marchands d’animaux destinés aux sacrifices et les bureaux de change où l’on se procure l’argent réservé exclusivement à de tels achats. Jésus dénonce un système religieux qui a perdu son âme. Sommé de justifier son geste de colère, sa parole est un véritable affront : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai » (…) Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps (Jean 2, 19.21).
Le corps du Christ ressuscité, nouveau temple de Dieu
Jésus se présente alors comme le nouveau Temple de Dieu qui sera élevé parmi toutes les nations après sa résurrection d’entre les morts. C’est dans le Corps du Ressuscité que ses disciples seront rassemblés pour former l’Église, l’épouse de Dieu, dont l’Église visible est le signe. C’est par le Christ que nous adorons le Père en esprit et vérité, et que nous Lui présentons notre vie en offrande spirituelle. C’est avec le Christ que nous nous engageons dans la construction du monde nouveau de Dieu, dans un esprit de solidarité et de fraternité avec les autres. Nous sommes les pierres vivantes de ce Temple nouveau. Sans ce Temple-là, tous les autres n’ont aucune valeur. Voilà le temple qu’il faut d’abord édifier et préserver.
Temple de Dieu, membres du corps du Christ ressuscité, pierres vivantes de l’Église de Dieu : toutes ces images se superposent comme plusieurs fenêtres sur un écran d’ordinateur pour nous révéler la grandeur de ce que nous sommes comme disciples du Christ. Comme dans le Temple de Jérusalem, laissons le Christ faire un peu de ménage dans notre vie afin que nous puissions être libérés de ce qui nous empêche de jouir de sa présence.
Yves Guillemette ptre
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