
29 septembre 2013
Interdit de vivre en silo!
On critique souvent la mentalité et la manière de vivre individualiste de l’homme moderne. À lire la parabole du riche et du pauvre Lazare, force est de constater que l’individualisme plonge ses racines loin dans le temps. On n’a pas meilleur exemple que ce riche anonyme qui vit en silo, entouré de ses amis, mais isolé du reste du monde.
Cette parabole accumule les contrastes, illustrant le fossé entre les deux protagonistes. On y raconte des regards aveugles qui ne veulent pas se croiser, ou plutôt des regards qui se croisent mais qui ne conduisent pas à la rencontre de l’autre et à la relation. Le riche est anonyme tandis que le pauvre a un nom qui signifie que «Dieu est secours». Le riche affiche un luxe outrancier et se montre insensible à l’indigence de Lazare qui n’a que des chiens comme compagnons. À leur mort, le riche est mis en terre et se perdra dans l’oubli alors que Lazare est emporté au ciel pour être réuni à Abraham, l’ami de Dieu. Et même dans l’au-delà, le riche ne perd rien de son égocentrisme : il voit Lazare mais c’est pour réclamer qu’il soit mis à son service. Quel culot!
La parabole illustre la notion de rétribution qui prévoit, au moment de la mort, un renversement des situations : Dieu récompensera le juste persécuté ou le pauvre exploité sur terre en lui accordant le bonheur du ciel, et vice versa pour ceux qui auront connu un bonheur sur terre sans tenir compte notamment des règles de la justice. Cette conception de la vie a évolué vers la responsabilité personnelle. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter la parabole.
Dans une des préfaces à la prière eucharistique, on s’adresse à Dieu en disant que nous tenons de lui «la vie, la croissance et l’être; dans cette existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée». Notre vie est unique et elle s’oriente à travers le temps présent vers une pleine communion d’amour avec Dieu. Il apparaît donc important, dans cette existence de chaque jour, de pratiquer un amour vrai en nous faisant proches des autres. Cette charité tangible est le plus beau fleuron de notre foi en Dieu qui est Amour. Il y a de quoi sortir de nos silos pour vivre en communion les uns avec les autres.
Yves Guillemette ptre
|