
19 janvier 2013
Voici l'Agneau de Dieu
Quelle étrange appellation que le Baptiste utilise pour présenter Jésus : l'agneau de Dieu! Dans la célébration eucharistique, la formule « Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » apparaît dans l'hymne du Gloire à Dieu et dans le rite de communion. À trois reprises, on la dit ou la chante sous forme de prière litanique auquel on ajoute « prends pitié de nous ». Le prêtre reprend la formule en présentant le Corps du Christ à l'assemblée après avoir proclamé « Heureux les invités au repas du Seigneur ».
L'expression « Agneau de Dieu » s'ajoute à d'autres dans l'Évangile selon saint Jean, comme le Verbe de Dieu, le don de Dieu, le pain de vie, la lumière du monde, la vraie vigne, le bon pasteur, la résurrection et la vie. La personne de Jésus est si riche qu'une seule désignation ne saurait parvenir à cerner son mystère. Pour l'évangéliste Jean, la densité de la personne de Jésus relève de son être divin qui a été manifestement révélé par sa mort et sa résurrection. C'est à cette lumière qu'il faut lire et interpréter l'évangile.
À quel aspect du mystère de Jésus l'expression Agneau de Dieu fait-elle donc référence? Il faut tenir compte de deux références bibliques majeures. On pense d'abord à l'agneau pascal que les Hébreux avaient mangé avant leur fuite d'Égypte. Son sang mis sur le linteau et les montants des portes était le signe indiquant à l'ange chargé d'appliquer le 10e fléau de passer outre leur maison et d'épargner leurs premiers-nés (Exode 12, 1-28). Dans la chronologie de Jean, le jour de la mort de Jésus coïncide cette année-là avec le jour de la Préparation de la Pâque qui était aussi un sabbat: à partir de midi on immolait dans le temple les agneaux en vue du repas pascal (Jn 19, 13-16).
La seconde référence, la plus significative, est la figure du Serviteur souffrant, un personnage énigmatique dont il est question dans le second livre d'Isaïe, désignant tantôt Israël, tantôt un prophète au destin tragique. Dans le 4e poème du Serviteur (Isaïe 52, 13-53, 12), lu le Vendredi Saint, on compare le Serviteur à un agneau sacrifié et on parle de sa mort rédemptrice: Maltraité, il s'humilie, il n'ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une brebis muette devant le tondeur, il n'ouvre pas la bouche. (…) À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu'il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés (Is 53, 7.11). La figure du Serviteur a été la principale référence pour interpréter la mort de Jésus, le Juste.
Yves Guillemette ptre
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