La Maison de l'Église

Dans tout diocèse, une église appelée cathédrale est rattachée à l'évêque qui préside à la vie de l'Église établie sur un territoire donné. C'est dans cette église que l'évêque a sa chaire (sa cathèdre) et c'est là que les fidèles se rassemblent autour de leur pasteur pour les grandes célébrations de la foi chrétienne. La cathédrale, au même titre que toute autre église paroissiale, est en quelque sorte la maison de l'Église, la maison du peuple rassemblé au nom du Seigneur.

L'évêque de Rome, actuellement le pape François, a lui aussi sa cathédrale. Et ce n'est pas la Basilique Saint-Pierre de Rome même si c'est là qu'on le voit présider la majorité des célébrations devant des foules immenses. Cette église imposante témoigne de la primauté pastorale du Pape sur l'ensemble de l'Église. Sa cathédrale, c'est la Basilique Saint-Jean de Latran dont nous fêtons aujourd'hui la dédicace. On peut d'ailleurs lire sur le fronton central de la façade la devise Mater et Caput omnium ecclesiarum urbis et orbis, qui se traduit : « Mère et chef de toutes les églises de Rome et du monde ». Faisons un peu d'histoire.

Après avoir mis un terme aux persécutions des chrétiens, l'empereur Constantin fit ériger vers l'an 320 une église sur le domaine de la famille Laterani pour qu'elle soit le siège de l'évêque de Rome. On la dédia d'abord au Saint-Sauveur, puis à saint Jean-Baptiste. Ainsi cette église est la première en date et en dignité de toutes les églises d'Occident, d'où la fête de sa dédicace ou de son inauguration en tant que Maison de l'Église. Au long de son histoire, quatre conciles se tinrent dans cette église. La Basilique du Latran a aussi été la cathédrale de saint Léon qui fut l'évêque de Rome de 440 à 461. L'édifice actuel date probablement du 17e siècle.

Prendre son soin de la santé de notre Église

De nos jours nous voyons des églises être fermées, vendues, démolies ou affectées à d'autres fins que le culte. La situation en bouleverse plus d'un, comme l'effet qu'ont eu les propos de Jésus : Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. L'évangéliste Jean note que le Temple dont Jésus parlait c'était son corps. C'est donc dire que le Christ ressuscité est la présence immédiate et l'habitation de Dieu parmi nous. Il faut voir le côté bénéfique de la situation actuelle qui force les communautés paroissiales à dresser un bilan de leur santé ecclésiale. L'édifice église, où se rassemble la communauté paroissiale pour la prière liturgique, est le signe de l'Église, du peuple de Dieu, qui appartient au Christ et qui est établie localement au milieu du monde. Il est bien de sauvegarder nos églises, mais il est plus fondamental encore de prendre soin de la santé de nos Églises locales, en apprenant de saines habitudes de vie évangéliques.

Dans une homélie prononcée pour l'anniversaire de son ordination épiscopale, saint Léon aborde notamment ce thème de l'Église entant que peuple vivant de Dieu : «L'Église universelle est organisée selon des degrés différents, afin que la diversité des membres assure l'intégrité de ce corps sacré. Cependant, comme dit l'Apôtre, tous nous ne faisons qu'un dans le Christ. Aucun de nous n'est séparé d'un autre par sa fonction au point que la plus modeste partie du corps ne serait pas reliée à la tête. Donc, dans l'unité de la foi et du baptême, nous constituons une société sans classes, mes bien-aimés, et nous avons une même dignité selon le saint Apôtre Pierre, qui nous dit ces paroles sacrées : Vous aussi, comme les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus. Et plus loin : Vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu.

Yves Guillemette ptre