
14 septembre 2014
Quelle croix !
L'Église célèbre en ce dimanche 14 septembre la fête liturgique de la Croix glorieuse. Cette fête du Christ est si importante qu'elle interrompt la séquence des dimanches du Temps ordinaire. Il est paradoxal de qualifier de « glorieuse » la croix qui, à l'époque romaine, était un instrument d'exécution pour les criminels condamnés à la peine capitale. Cela mérite réflexion, mais auparavant faisons un bref rappel historique.
Une tradition populaire attribue la découverte de la croix du Christ à sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin. On célébrait autrefois, le 3 mai, la fête de l'Invention de la saine Croix pour commémorer cette découverte. Mais historiquement la fête est plutôt liée à la dédicace, le 14 septembre 335, de la basilique du Saint-Sépulcre que Constantin fit construire à Jérusalem sur l'emplacement du Calvaire et du tombeau du Christ. Avant la réforme liturgique, la fête portait le nom d'Exaltation de la sainte Croix, en souvenir de la procession où la croix avait été portée en triomphe jusqu'à la basilique du Saint-Sépulcre, inspirée des cortèges où un roi entrait dans la ville en portant fièrement les trophées de sa victoire militaire. Voilà pour la note historique.
Le nom de Croix glorieuse donne le ton et le sens de la fête liturgique. La croix ne peut être célébrée seule, car elle nous fixerait sur la passion et la mort de Jésus, victime à tout jamais de la malice humaine. À l'inverse, la résurrection de Jésus ne peut être détachée de sa mort qui devient alors la mort d'un juste. La fête de la Croix glorieuse nous permet de jeter à nouveau un regard sur le mystère pascal qui est au cœur de la foi et de l'existence chrétienne. La gloire et la croix, c'est la victoire de Dieu sur le mal et le péché qui détourne l'être humain de l'amour de Dieu.
Dans le passage d'évangile de la fête, Jean nous plonge au cœur de ce paradoxe : «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit en lui ait la vie en plénitude.» Quand Jean regarde Jésus sur la croix, il voit la fidélité de Jésus à aimer le Père et ses frères et sœurs, il voit la vie divine que Jésus offre en partage. En un mot, il contemple le poids de l'amour de Dieu, la gloire du Père qui est en train de ressusciter son Bien-aimé pour que nous vivions par lui. La croix glorieuse est ainsi plantée au cœur de notre existence, car rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu révélé en Jésus Christ.
Yves Guillemette ptre
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