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21 mars 2016
L’esprit de la Passion selon saint Luc
Cette année, nous méditons la Passion du Christ à travers le récit que nous en a donné saint Luc. Même si nos quatre évangélistes rapportent les mêmes faits, on y trouve des différences et surtout des accents particuliers car chacun y va de sa personnalité.
Effectivement l’évangile de Luc, tout comme son récit de la Passion, traduit bien la délicatesse de sa foi. Le ton est tout différent. Il était semble-il médecin, d’où peut-être son souci d’être attentif aux détails et aux personnes. Son évangile est celui de la tendresse. Dante, le grand poète italien disait que Luc était l’écrivain de la miséricorde du Christ. Et c’est bien ce qui transparaît dans sa Passion. Il suffit pour s’en convaincre d’être attentif à certains détails et à des précisions qu’il se donne la peine d’apporter.
C’est ainsi que dans le récit de Luc, les disciples apparaissent sous un meilleur jour car ils sont demeurés fidèles à Jésus dans son épreuve. À Gethsémanie, ils ne s’endorment qu’une seule fois et s’ils le font c’est de fatigue. Chez Luc les autorités ne produisent aucun faux témoin et par trois fois Pilate reconnaît que Jésus n’est pas coupable. Cette affirmation est importante pour Luc.
Mais ce qui caractérise peut-être davantage son récit, ce n’est pas tant de décrire l’attitude de Jésus devant son supplice que de le voir continuer à manifester le souci qu’il a toujours eu des autres. On le voit guérir l’oreille du soldat. Il pose son regard sur Pierre qui vient de le trahir. Il s’inquiète du sort des femmes. Il pardonne à ceux qui l’ont crucifié et surtout il promet le paradis au brigand repentant. Chez Luc, la crucifixion et la mort de Jésus sont une fois de plus l’occasion de redire l’attention et le pardon de Dieu. Il meurt sereinement sur ces mots : Père, entre tes mains je remets mon esprit.
La Passion selon saint Luc est à la mesure de l’ensemble de son évangile. Elle est miséricorde et bonté.
Jacques Houle, c.s.v. (Le Feuillet paroissial)