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26 mars 2016
Se lever à son tour
À force de parler de Pâques et de la résurrection de Jésus, de reprendre chaque année les mêmes textes, de refaire les mêmes rites, une routine s’installe. Nous parlons de la résurrection comme d’une réalité banale, annuelle, qui ressemblerait au retour du printemps, à la fonte des neiges, à la crue des eaux, aux premières volées d’outardes. Ces images de renaissance sont porteuses de richesses et de sens. Mais c’est encore peu à côté de l’évènement de la résurrection de Jésus.
Les premiers témoins de la résurrection ont suivi Jésus au plus creux de l’abîme. Ils l’ont vu torturé, humilié, rejeté, traité comme un criminel et un fou. Flagellé, couronné d’épines, portant sa croix au milieu d’une foule hostile avide de sang, cloué au gibet, Jésus a été l’homme des douleurs, à l’extrême. C’est pourquoi les disciples ont été lents à croire à la résurrection. Devant le témoignage des femmes les apôtres restent sceptiques. Pierre voit le tombeau vide mais ne comprend pas. Les disciples d’Emmaüs font longue route avant de réaliser que celui qui les accompagne, est bien le crucifié. Mais tout à coup les disciples comprennent qu’il s’est passé pour Jésus quelque chose d’inouï. Il est vivant. Luc dit à leur sujet : Dans leur joie, ils n’osaient pas y croire. Il faudrait traduire : ils étaient incroyants de joie, ou comme on dit « ils n’en croyaient pas leurs yeux ».
Le crucifié est vivant, et vivant hors de toute atteinte, de toute mort. Le méprisé est brillant de lumière. Le juste humilié est debout à jamais. Le prophète mis à l’écart est porteur de la seule vérité.
C’est le renversement du monde. Survenue il y a 2 000 ans, la résurrection de Jésus nous entraîne dans son sillon. À notre tour, il nous faut nous lever et proclamer la victoire de l’espérance sur toute haine, tout mépris, toute exploitation. L’heure est venue de vivre debout.
André Beauchamp prêtre (Source : Le Feuillet paroissial)