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20 novembre 2016
Aujourd’hui la miséricorde
C’est aujourd’hui, en la fête du Christ, Roi de l’Univers, que se termine à Rome l’Année de la miséricorde, qui avait commencé le 8 décembre 2015. En promulguant cette Année jubilaire, le pape François avait voulu en faire un pèlerinage de conversion qui conduit à la rencontre du Christ, le Visage de la miséricorde de Dieu. Dans la lettre de promulgation, il avait écrit que la miséricorde est le nom de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Il avait affirmé aussi que la miséricorde est le filtre par où doit passer notre regard sur toute personne que nous croisons. Enfin la miséricorde est le pilier de toute la pastorale de l’Église qui doit sans cesse sortir de ses murs avec l’Évangile du Christ comme seul bagage pour rejoindre les humains dans toutes les périphéries de leur existence et témoigner de l’Amour de Dieu.
N’est-ce pas cet Amour qui se révèle dans le dépouillement et l’humiliation de Jésus crucifié? N’est-ce pas cet Amour sauveur qui fait irruption dans la vie du brigand crucifié à côté de Jésus? Pendant que tout le monde se moque de Jésus et le nargue, le tentant de poser un geste magique de puissance en se sauvant lui-même, un seul vit une démarche de conversion qui lui permettra, au-delà de toute espérance, d’accueillir l’aujourd’hui du salut : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis (Lc 23,43). C’est ce même aujourd’hui qui avait retenti dans la nuit de Bethléem : Aujourd’hui vous est né un sauveur…; dans la synagogue de Nazareth : Aujourd’hui s’accomplit cette parole des Écritures; et dans la maison de Zachée à Jéricho : Aujourd’hui est arrivé le salut pour cette maison.
Luc est l’évangéliste de l’aujourd’hui du salut, sans doute parce que lui-même a été saisi par l’actualité du message évangélique et interpellé par la qualité d’être de Jésus Christ. Il a certainement trouvé en Jésus la réponse à ses aspirations et à sa quête spirituelle. On ne vient pas à la foi et on ne vit pas dans la foi, si on n’est pas conscient d’être habité par un profond désir d’accomplissement de soi qui ne saurait être satisfait uniquement par des biens matériels. Heureux les hommes, heureuses les femmes qui, à la manière du condamné sauvé par le Crucifié, s’appuient sur la conscience de leur pauvreté intérieure et se tournent vers Dieu en espérant être recréés par son Amour.
Même si l’Année de la miséricorde se termine aujourd’hui pour l’Église universelle, notre mission d’agir avec miséricorde commence ou se poursuit. De même que Dieu ne se lasse jamais de tendre la main pour révéler sa tendresse, secourir, réconforter, ainsi devons-nous faire de même là où nous vivons et dans tout moment de notre vie, puisque c’est ainsi que le Christ se livre sans cesse comme un amour reçu qui nous remplit de joie; une joie qui est comme le sentiment de goûter un moment à la plénitude, à l’éternité.
Yves Guillemette ptre