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29 octobre 2017
Ni Maître, ni Père, ni Rabbi
Où que l’on soit, quoi que l’on fasse, dans la vie les gens ont des titres. Les associations ont un président (ou présidente), un vice-président, un secrétaire qui assument des rôles et des fonctions. Une ville a son maire et ses échevins, sans oublier les membres de l’exécutif. Un État, son premier ministre, ses ministres, ses députés. Même un magasin a son gérant et différents chefs de services. Ces titres désignent des fonctions. Mais ces titres imposent aussi une forme de hiérarchie. Quand on est valet, on n’est pas maître, dit le proverbe. Quand j’étais enfant, il n’était pas question d’appeler mon père par son prénom. C’était popa, papa, maman, grand-papa, grand-maman. L’usage d’un titre impose le respect.
Mais le risque associé à tous les titres et aux honneurs qui leur sont associés est de les considérer comme des droits et d’en faire une source d’inégalité et de prestige. Jésus a très bien vu ce piège à propos des scribes et des pharisiens et le portrait qu’il en dresse est saisissant : ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur la place publique (Mt 23,6-7).
Jésus ne veut pas le prestige ni les privilèges. Il veut le service et la fraternité. Ne donnez à personne sur terre le nom de père (…). Ne vous faites pas donner non plus le titre de maîtres. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur (Mt 23,9-11). Et pourtant dans notre Église, les prêtres reçoivent le nom d’abbé ou de père, les évêques le titre de monseigneur, voire d’excellence, sans oublier tous les autres titres intermédiaires de chanoine, prélat, révérend. Et les cardinaux se font appeler éminence. Même l’évêque de Rome s’appelle pape (papa) ou encore sa sainteté.
Manifestement, on ne peut pas vivre sans titres désignant des fonctions. C’est indispensable. Mais le disciple de Jésus doit constamment s’examiner pour éviter que les titres deviennent des privilèges et n’entravent la fraternité. Car l’unique grandeur est de servir.
André Beauchamp ptre
(Source : Le Feuillet paroissial)