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29 avril 2018
Je suis la vigne et vous les sarments
Au cours des deux prochains dimanches, la liturgie dominicale nous fait entendre la totalité du chapitre 15 de l’Évangile selon saint Jean. On y trouve un enseignement de Jésus sur la vie de ses disciples : d’abord demeurer en lui; puis écouter sa Parole et produire du fruit en aimant comme lui nous a aimés.
Donnez du fruit
Dans une société où l’on vit très proche de la terre, Jésus sait y trouver les images qui faciliteront la compréhension des réalités spirituelles qu’il aborde dans son enseignement. Ainsi en est-il de la vigne que l’on associe symboliquement à Israël en tant que peuple appartenant à Dieu et dont il prend un soin jaloux.
Jésus introduit ici une nouveauté en se révélant lui-même comme la vigne de Dieu, le Père en étant le vigneron, et les disciples les sarments : Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit… Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples (Jean 15, 5.8).
Que nous révèle cette comparaison au sujet de la vie du disciple de Jésus? Tout d’abord, il y a la communion de vie avec Jésus, le Christ ressuscité, qui s’exprime par le fait de demeurer en lui, comme le serment est attaché au pied de vigne. On demeure dans le Christ ressuscité en lui confiant sa vie dans un acte de foi et par l’écoute de sa parole, du message évangélique qui éclaire et oriente notre conduite.
Cette communion vivante à Jésus se traduit nécessairement par un agir, tout comme la vigne produit son fruit. Si la vie du Christ est un don accueilli par la foi, le fruit à produire dépend cette fois de notre responsabilité. Dès lors il nous appartient de prendre l’initiative de faire produire du fruit à la Parole, en donnant un esprit chrétien à notre manière de vivre, dans lequel on pourra reconnaître une manifestation concrète de l’amour de Dieu.
Comme je vous ai aimés.
On la connaît bien cette parole de Jésus qui, au dire de plusieurs, résume tout son message : « Aimez-vous les uns les autres ». Si on se limite à cette portion de la phrase, on obtient une maxime de sagesse de grande valeur, qui rejoint la règle d’or : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous ». L’amour réciproque n’est pas qu’un échange de bonnes actions, comme si on faisait du troc. L’expérience nous apprend que l’amour réciproque implique un investissement plus ou moins grand de soi-même dans une relation interpersonnelle. Mais quand on ajoute la seconde partie du commandement : « comme je vous ai aimés », cet amour réciproque devient un amour fraternel, encore plus exigeant.
Nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, c’est comme si on participait à une «course à relais». Le point de départ est l’amour du Père : « Comme le Père m’a aimé ». Cet amour divin, rendu visible en Jésus, s’est exprimé concrètement dans son agir : « moi aussi je vous ai aimés ». Enfin, Jésus nous demande de demeurer dans son amour en étant fidèles à ses commandements qui se concentrent dans ce fameux : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ce commandement est comme le témoin que les coureurs se passent l’un à l’autre pour parcourir leur distance. En le mettant en pratique, nous pouvons espérer être les amis de Jésus, y trouver notre joie et porter du fruit.
Tout cela est beau en théorie, mais en pratique comment cela peut-il se faire? Quand on comprend l’ampleur de l’amour que Dieu nous a manifesté à travers Jésus, des énergies sont libérées en nous pour nous engager à notre tour dans cette course à relais. On peut penser aux parents qui remplissent leur mission d’éducateurs avec générosité, à tous ces proches aidants qui s’occupent d’un parent, d’un enfant, d’un conjoint ou d’une conjointe, d’un ami, aux prises avec une maladie ou un handicap sévères. Ils le font avec courage et persévérance, en s’oubliant eux-mêmes, souvent au prix de sacrifier une part de leur liberté. On peut aussi penser aux personnes qui travaillent auprès des personnes marginalisées, aux bénévoles engagés dans des organismes à vocation sociale ou caritative, à toutes ces personnes toujours prêtes à rendre service. Chacun, chacune peut identifier quelqu’un, ou bien se reconnaître personnellement. Au nom de Jésus, demandons au Père de les faire demeurer dans son amour.
Yves Guillemette ptre