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18 mars 2018
Aux creux de la détresse humaine
La Passion et la souffrance de Jésus Christ
« Ce n’est pas la souffrance de Jésus qui nous a sauvés, c’est l’amour avec lequel il a vécu cette souffrance. » (†Père Yves Congar o.p.)
En l’assumant comme il l’a fait dans la Passion, Jésus a voulu aller aux creux de la détresse humaine pour lui donner un sens. Non pas qu’il faille sacraliser la souffrance comme telle, pas même celle du Christ, ni en évaluer l’importance par sa quantité. On ne sait pas par ailleurs si Jésus a été l’homme le plus souffrant dans l’histoire de l’humanité.
Le Père Congar affirmait un jour : « Ce n’est pas la souffrance de Jésus qui nous a sauvés, c’est l’amour avec lequel il a vécu cette souffrance. » Mais, ne l’oublions pas, avant de se livrer au sacrifice de sa vie, le Fils de Dieu a réagi sainement, comme tout humain normal aux prises avec le mal physique ou moral qui l’assaille : « Que ce calice s’éloigne de moi ». Bien plus, même après sa soumission à la volonté de son Père, il continue à chercher le soutien moral de ses proches, à se plaindre de leur peu d’attention à son angoisse, voire à ressentir humainement l’abandon de son Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »
Sympathie humaine et compassion divine
Si le « Fils de l’homme » a connu pareils sursauts de sa nature humaine, comment s’étonner de la révolte qui s’exprime chez le commun des mortels devant l’acuité de la douleur, l’imminence de la mort ou la lourdeur de l’injustice ? La situation doit nous inviter à la compassion tangible et silencieuse plutôt qu’aux propos lénifiants ou moralisants. La sympathie humaine saura frayer un chemin à la grâce divine, tout comme l’amour du Christ a « converti » le sens de la souffrance. Non pas en la justifiant, mais en lui donnant le visage de l’amour, tant de l’amour manifesté par le Christ souffrant que de l’amour des humains qui acceptent de souffrir avec lui. C’est cet « être avec » qui importe et non l’intensité de la souffrance. Saint Paul ira jusqu’à dire : « Je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous » (Col.1, 24). N’est-ce pas le condensé des béatitudes et le secret du bonheur vécu par tant de saints et saintes qui « ont accompli dans leur propre chair ce qu’il reste des épreuves du Christ ? »
Pour les lecteurs et les lectrices qui veulent approfondir les réflexions qui précèdent, je recommande vivement la lecture d’un ouvrage moins aride que les nombreux écrits des théologiens sur le thème que j’ai à peine effleurer. On appréciera sûrement comme moi le livre d’Olivier Le Gendre : Le cri de Dieu. Un petit chef-d’œuvre de spiritualité chrétienne qui humanise, sans le déformer, le sens de la souffrance vécue avec le Christ.
† Mgr Maurice Couture