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30 septembre 2018
Les conditions d’appartenance au Christ
Réflexion sur l’Évangile du 26e dimanche du Temps ordinaire (Marc 9, 38-43.45.47-48)
L’ouverture à la différence.
Jésus n’a pas eu l’intention de se constituer un petit groupe fermé. Il avait bien sûr des disciples qui le suivaient et partageaient sa mission d’annoncer l’Évangile. Il avait aussi ce respect des personnes qui lui faisaient reconnaître que certaines pouvaient vivre de l’esprit de l’Évangile, tels les petits qui croient, l'inconnu qui donne au disciple un verre d'eau ou l'exorciste étranger qui chasse des esprits mauvais en son nom. Jésus accepte que l’appartenance à son nom se conjugue au pluriel, qu’elle connaisse la diversité. Jésus met les apôtres en garde contre tout esprit sectaire qui les paralyserait dans l'annonce de l'Évangile et contredirait la volonté de Dieu d'offrir le salut à tout être humain. Jésus n’a-t-il pas fait de sa vie pour l’humanité entière?
Le respect sacré de la dignité d’autrui
L'appartenance au Christ comporte des exigences morales élevées. Qui veut vivre en disciple doit s’engager sur la voie de l’intégrité. À ce niveau, Jésus n’y va pas avec le dos de la cuillère; c’est tolérance zéro. Il y a pire que d’agir au nom de Jésus sans lui appartenir, c’est l’agir non évangélique de ceux qui disent lui appartenir.
Il en va ici des intérêts supérieurs de la communauté de ses disciples, de son église. D’ailleurs l’évangéliste Matthieu a inséré ces exhortations sévères dans le discours de Jésus sur la vie de l’Église (chapitre 18). On y retrouve quelques uns des thèmes de Marc abordés dans notre section : la question du plus grand, le modèle de l’enfant, la mise en garde contre le scandale des petits. Matthieu ajoute la parabole de la brebis égarée (Mt 18, 10-14), la démarche de correction fraternelle (18, 15-18), la prière en commun et la présence de Jésus au milieu de ceux qui sont réunis en son nom (18, 19-20), le pardon entre frères et la parabole sur la difficulté du pardon (18, 21-35).
À ses apôtres réunis dans la maison, –une évocation discrète de la future église?–, Jésus sert donc une sévère mise en garde : si tu entraînes la chute d’un seul petit qui croie en moi, si ton œil, ta main, ton pied entraînent au péché, il vaut mieux couper ou arracher le membre malade. Comment comprendre ces propos excessifs sans tomber dans une interprétation littérale ni amoindrir leur message?
En son nom
Selon la conception biblique de l’homme, l’œil est en rapport avec la pensée tandis que les mains et les pieds sont en relation avec l’agir. Que ce soit par sa pensée ou par son agir, le disciple de Jésus doit se comporter avec un respect sacré pour la dignité d’autrui. Il ne doit pas être l’obstacle, –le scandale, ce petit caillou coincé dans la sandale ou le soulier–, qui empêcherait quelqu’un d’accueillir l’Évangile ou de douter de son authenticité. Jésus a choisi l’œil, les mains et les pieds car ils permettent à l’homme d’être à la fois autonome et en relation avec les autres. Ainsi donc, quelle idée nous faisons-nous des autres quand nous portons en son nom notre regard sur eux? Nos mains sont-elles repliées sur elles-mêmes, ou sont-elles tendues en son nom pour bâtir la fraternité? Nos pieds nous font-ils fuir le monde, ou nous conduisent-ils en son nom vers les autres pour faire route avec eux et nous faire marcher humblement avec notre Dieu?
Yves Guillemette ptre