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3 février 2019
Une Parole provocante… et la vôtre?
Après son baptême dans le Jourdain, près de Jéricho en Judée, Jésus revient en Galilée. Il s’établit dans la maison de Pierre, à Capharnaüm, une petite ville en bordure du lac de Génésareth, réputée pour être cosmopolite, car située sur une route commerciale névralgique. De là il rayonne en prédicateur itinérant, s’arrêtant dans les synagogues pour y enseigner les Juifs. L’évangéliste note que Jésus remporte un certain succès : sa renommée se répand, on fait son éloge, on l’écoute avec étonnement. Les choses vont se gâcher à Nazareth, dans la synagogue du petit village où Jésus a grandi.
Rappelons que Jésus y a lu un passage du prophète Isaïe : L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur (Is 61, 1-2). Jésus entend faire de ces paroles l’inspiration de l’Évangile : Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit (Luc 4, 21). Il faudra les considérer comme la clé de lecture de sa mission prophétique. Quand on lit le passage d’évangile de ce dimanche (Luc 4, 21-30), Jésus a dû en dire davantage puisque les gens se posent la question : Pour qui se prend-il, ce fils de Joseph qu’on a vu grandir? Jésus en rajoute. Excusez l’expression, mais il faut dire qu’il « a couru un peu après le trouble », en évoquant la figure des prophètes Élie et Élisée qui ont agi en faveur de non juifs : une femme de Sarepta et un général syrien Naaman. La foi de ces deux païens dévoile l’incrédulité des gens de Nazareth. Il s’ensuit une collision entre le projet missionnaire de Jésus et la révélation des intentions secrètes du cœur humain.
Aujourd’hui encore, la parole de Jésus nous questionne par sa vérité. Elle nous oblige à plonger au fond de nous mêmes et à évaluer les tendances de notre manière d’être et d’agir. Nous sommes plus ou moins réfractaires au message évangélique. Il nous arrive parfois de succomber à la tentation de choisir ce qui nous convient et nous dérange le moins, au risque de résister à la dimension prophétique et évangélique de notre agir. Et on peut avoir la surprise de découvrir cette inspiration chez des personnes qui ne se réclament pas de la foi chrétienne mais se dévouent corps et âme comme proches aidants, ou sont engagées dans la promotion de la justice, ou l’éducation populaire, ou la défense de l’environnement, ou toute autre action au service de la dignité humaine.
Yves Guillemette ptre