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17 mars 2019
Une saison de plus
Comme dit le dicton, il ne faut jamais remettre à plus tard ce que nous pouvons faire aujourd’hui. Mais il arrive trop souvent que nous fassions exactement le contraire quand nous remettons sans cesse une tache fastidieuse à un autre demain, ou quand on reporte un problème à régler à un éventuel jour favorable. Tout d’un coup on se rend que le temps a passé et que rien ne s’est fait.
On trouve un peu cette idée dans le passage d’évangile que nous lisons à la messe de ce dimanche : il ne faut jamais attendre à demain pour se convertir; c’est toujours le moment favorable. Des gens rapportent à Jésus l’affaire de Galiléens que Pilate avait fait massacrer, s’attendant sans doute que Jésus y voit un châtiment divin. Mais non! Il ajoute même le cas de l’effondrement d’une tour –de nos jours ça pourrait être un viaduc. Les victimes non plus ne sont coupables d’une faute morale. La leçon que Jésus en tire, c’est l’urgence de se convertir. De nos jours, Jésus aurait pu évoquer des phénomènes météorologiques violents et destructeurs dus aux changements climatiques et faire une sévère mise en garde : convertissez-vous à une manière de vivre plus respectueuse de l’environnement, sinon l’avenir de l’humanité n’est pas garanti.
Avec la parabole du figuier non productif, nous passons de l’urgence de la conversion à la patience confiante envers un arbre fruitier dont on espère quelque fruit, moyennant des soins intensifs. Il est difficile d’identifier qui se dissimule derrière les acteurs de cette parabole : Dieu Père et Jésus (en propriétaire et vigneron), ou bien Jésus (le Seigneur) et un serviteur de la Parole. Quoi qu’il en soi, le figuier a les traits du disciple qui ne porte pas les fruits de la vie divine qui circule en lui. Le thème de la conversion y est toujours présent, mais il est abordé du point de vue de Dieu : le vigneron invite le Seigneur à user de patience et à avoir confiance dans le potentiel de vie de l’homme (symbolisé par le figuier); un potentiel qui saura bien se déployer grâce aux soins intensifs et attentionnés qu’il lui prodiguera. En revanche, cette patience et cette confiance respectent la liberté de l’homme/figuier qui devra prendre ses responsabilités pour vivre comme un disciple qui permet à la Parole de porter du fruit. À terme, on rejoint un autre dicton : Patience et longueur de temps valent mieux que force et rage.
Yves Guillemette ptre